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2 vues • Il y a 7 mois
Plus de 3 ans sans faire de face caméra sur YouTube. Dans cette vidéo je reviens sur ma vie durant tout ce temps, et sur les raisons qui m’ont poussées à prendre ce recul nécessaire. **Me suivre :** https://raph.tv/links **Me soutenir :* https://www.patreon.com/raphgilles
Raph
Plus de 3 ans sans faire de face caméra sur YouTube. Dans cette vidéo je reviens sur ma vie durant tout ce temps, et sur les raisons qui m’ont poussées à prendre ce recul nécessaire. **Me suivre :** https://raph.tv/links **Me soutenir :* https://www.patreon.com/raphgilles
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16 vues • Il y a 5 ans
Cela fait maintenant quelques mois que je suis de retour en France. J’avais lu moults articles relatant la difficulté de revenir après un long voyage. Je savais. Pourtant j’ai vécu de plein fouet ce que certains appellent “le blues du voyageur”. A la différence que je ne me sentais déjà pas chez moi dans l’hexagone avant mon départ, et qu’en plus de vivre un manque et un décalage par rapport à mes proches, j’ai la confirmation certaine que ma place est ailleurs. Je le ressentais avant et en ai eu la confirmation lorsque, comme pour faire un état des lieux, j’ai commencé à photographier la nature et les paysages. Les pays néolibéraux dépensent toute leur énergie à faire la guerre au vivant. De ce fait, après des décennies d’objetisation de la vie, il est devenu extrêmement difficile en France de trouver un paysage non affecté par l’activité humaine. Que ce soient des lignes à haute tension, des routes, des maisons, des tranchées, des villes, ou encore des monocultures, seuls les lieux les plus arides résistent face à notre avancée mortifère. A titre d’illustration il est bon de savoir que 9m2 de nature disparaissent sous le béton chaque seconde. Soit l’équivalent de la surface de 1 à 3 départements par décennie. Bien entendu cela va en s’accélérant. Et ce fut un choc lorsqu’à mon retour, pour la première fois depuis 6 mois, j’apercevais le paysage français par le hublot de mon avion. Bien que les monocultures existaient également en Guadeloupe elles étaient bien moins invasives. C’est ainsi qu’après avoir évolué si longtemps au milieu d’une nature intacte, dense, et épanouie, observer toute cette étendue bétonnée, brûlée, et rasée m’a profondément bouleversé. Tout ce qui défilait sous mes yeux n’était que mort et désolation. Alors que les larmes me venaient, je me suis fait la promesse de continuer à résister et d’intensifier ma lutte contre ce système nauséabond.
Nous ne saccageons pas seulement notre environnement. Nous en faisons de même avec notre intérieur. Vous pensiez disposer librement de vos corps et de vos esprits ? Au risque de vous décevoir, non. Comment, alors que l’État impose le programme et la méthode d’éducation de nos jeunes aux écoles, peut-on encore croire développer notre propre pensée ? Comment, alors que 90% des médias appartiennent à une poignée de milliardaires (les 10% restants étant publics mais gérés par des lobbyistes), peut-on encore imaginer disposer d’un libre arbitre ? Bien sûr la réalité est terriblement plus sombre et tout est mis en œuvre, dès notre plus jeune âge et jusqu’à notre mort, pour nous priver de nos émotions et nous plonger dans une concurrence féroce. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, parait-il. Et nous devrions nous contenter de ceci. Et nos corps ? Quelques lignes suffiront à démontrer que nous n’en n’avons pas la pleine propriété, la plupart d’entre-nous s’en dépossédant la majeure partie de leur temps réveillé en échange de peu de sous. Bien souvent pour effectuer des tâches que l’esprit n’a pas envie de faire, soit dit en passant. Mais s’ils se détournent de la location de leurs corps à la société, comment peuvent-ils espérer survivre ? Alors si nous n’avons pas la liberté de faire ce que nous voulons, comme nous le voulons, quand nous le voulons, pouvons-nous toujours défendre l’idée que nous sommes libres de disposer de nos corps ? Un exemple concret pour illustrer tous mes précédents propos est le suivant : Tout le monde est malheureux d’être responsable de la sixième extinction de masse des espèces. Pourtant personne ne pense avoir la liberté de changer de mode vie. Traduisez ces deux phrases par : Le système néolibéral détruit le vivant. Le système néolibéral asservit les humains pour en faire ses outils de destruction. Pourtant un autre monde est possible. L’humanité ne traverse pas sa première crise ni son premier changement de régime. La liberté suivant toujours son cours et étant aussi maitrisable que les éléments. C’est à dire pas du tout. Si Rome ne s’est pas faite en un jour, son déclin non plus. Pourtant lorsque les Wisigoths s’emparèrent de la ville, les peuples crièrent à la fin du monde. C’est ainsi que Jérôme de Palestine écrivit « *Avec une ville et une seule, est mort le monde entier* ». C’était en 410. Et en effet, après presque 1000 ans sous le régime de l’Empire Romain, il devait être bien difficile d’imaginer comment continuer d’exister. Pourtant nous nous en sommes sortis, et nous sommes là, à faire les timides face à un changement drastique (mais très excitant) de système après seulement un siècle d’égarement ! Bien que s’en soit une, je n’aime pas parler de révolution. C’est un mot que j’utilise très peu. Très certainement parce que la révolution française fut violente et menée par des privilégiés. Et sans surprise la société actuelle est basée sur ce modèle dans lequel les plus aisés conservent et assurent leurs acquis par la force. Non. Pour partir sur des bases saines, le changement doit être universel et s’effectuer de façon sereine. Il est temps pour l’humanité de s’appuyer sur ses savoirs, ses expériences, son histoire pour construire et reconstruire ce qu’elle a saccagé. Il est temps qu’elle fasse la paix avec la nature, donc avec elle-même. Nous devons reconnaitre et accepter nos erreurs. Ne pas nous en vouloir. Car il est vrai que ce dernier siècle fut stimulant ! Nous avons fait plus de découvertes que jamais les autres civilisations réunies n’en ont faites. Nous avons créé la voiture, l’avion, la fusée, le satellite, avons inventé la télévision, internet, avons développé l’eau courante, l’électricité, les soins, avons pris conscience du droit des femmes et des LGBT… Si bien des combats restent à mener, il y a malgré tout vraiment de quoi s’enorgueillir ! Et si maintenant, nous mettions toute cette connaissance et tout ce savoir faire au service de notre environnement ? C’est sans doute le défit le plus exaltant de l’histoire de l’humanité, bien loin devant la conquête de l’espace ! Parce que s’atteler à le faire démontrera à quel point l’humain est un être ambitieux et sait rester solide face à la difficulté. Mais surtout parce qu’enfin nous aurons l’opportunité de mettre en application toutes nos valeurs positives comme l’amour, l’entraide, l’empathie, le respect ou encore le partage. Nous pourrons revaloriser la croissance intellectuelle, la connaissance, et la science. Et enfin nous aurons la chance de reconstruire, en nous basant sur toutes les richesses précédemment citées, un monde dans lequel nous serons en symbiose. Dans lequel nous remplacerons la destruction contre de l’harmonie, dans lequel l’objet sera moins intéressant que le vivant, dans lequel la domination fera place à la résilience. Alors nous lirons l’histoire d’aujourd’hui et comme nous en avons la sensation pour bien d’autres périodes, la considérerons comme extrêmement sombre, mais surtout très absurde. Et nous pourrons être fiers d’avoir fait preuve d’un fantastique courage collectif et de nous être opposés à l’horreur du néolibéralisme. Oui, ma place est ailleurs. Dans cet autre monde que nous allons construire. Le pouvoir est entre nos mains.
Raph
Cela fait maintenant quelques mois que je suis de retour en France. J’avais lu moults articles relatant la difficulté de revenir après un long voyage. Je savais. Pourtant j’ai vécu de plein fouet ce que certains appellent “le blues du voyageur”. A la différence que je ne me sentais déjà pas chez moi dans l’hexagone avant mon départ, et qu’en plus de vivre un manque et un décalage par rapport à mes proches, j’ai la confirmation certaine que ma place est ailleurs. Je le ressentais avant et en ai eu la confirmation lorsque, comme pour faire un état des lieux, j’ai commencé à photographier la nature et les paysages. Les pays néolibéraux dépensent toute leur énergie à faire la guerre au vivant. De ce fait, après des décennies d’objetisation de la vie, il est devenu extrêmement difficile en France de trouver un paysage non affecté par l’activité humaine. Que ce soient des lignes à haute tension, des routes, des maisons, des tranchées, des villes, ou encore des monocultures, seuls les lieux les plus arides résistent face à notre avancée mortifère. A titre d’illustration il est bon de savoir que 9m2 de nature disparaissent sous le béton chaque seconde. Soit l’équivalent de la surface de 1 à 3 départements par décennie. Bien entendu cela va en s’accélérant. Et ce fut un choc lorsqu’à mon retour, pour la première fois depuis 6 mois, j’apercevais le paysage français par le hublot de mon avion. Bien que les monocultures existaient également en Guadeloupe elles étaient bien moins invasives. C’est ainsi qu’après avoir évolué si longtemps au milieu d’une nature intacte, dense, et épanouie, observer toute cette étendue bétonnée, brûlée, et rasée m’a profondément bouleversé. Tout ce qui défilait sous mes yeux n’était que mort et désolation. Alors que les larmes me venaient, je me suis fait la promesse de continuer à résister et d’intensifier ma lutte contre ce système nauséabond.
Nous ne saccageons pas seulement notre environnement. Nous en faisons de même avec notre intérieur. Vous pensiez disposer librement de vos corps et de vos esprits ? Au risque de vous décevoir, non. Comment, alors que l’État impose le programme et la méthode d’éducation de nos jeunes aux écoles, peut-on encore croire développer notre propre pensée ? Comment, alors que 90% des médias appartiennent à une poignée de milliardaires (les 10% restants étant publics mais gérés par des lobbyistes), peut-on encore imaginer disposer d’un libre arbitre ? Bien sûr la réalité est terriblement plus sombre et tout est mis en œuvre, dès notre plus jeune âge et jusqu’à notre mort, pour nous priver de nos émotions et nous plonger dans une concurrence féroce. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, parait-il. Et nous devrions nous contenter de ceci. Et nos corps ? Quelques lignes suffiront à démontrer que nous n’en n’avons pas la pleine propriété, la plupart d’entre-nous s’en dépossédant la majeure partie de leur temps réveillé en échange de peu de sous. Bien souvent pour effectuer des tâches que l’esprit n’a pas envie de faire, soit dit en passant. Mais s’ils se détournent de la location de leurs corps à la société, comment peuvent-ils espérer survivre ? Alors si nous n’avons pas la liberté de faire ce que nous voulons, comme nous le voulons, quand nous le voulons, pouvons-nous toujours défendre l’idée que nous sommes libres de disposer de nos corps ? Un exemple concret pour illustrer tous mes précédents propos est le suivant : Tout le monde est malheureux d’être responsable de la sixième extinction de masse des espèces. Pourtant personne ne pense avoir la liberté de changer de mode vie. Traduisez ces deux phrases par : Le système néolibéral détruit le vivant. Le système néolibéral asservit les humains pour en faire ses outils de destruction. Pourtant un autre monde est possible. L’humanité ne traverse pas sa première crise ni son premier changement de régime. La liberté suivant toujours son cours et étant aussi maitrisable que les éléments. C’est à dire pas du tout. Si Rome ne s’est pas faite en un jour, son déclin non plus. Pourtant lorsque les Wisigoths s’emparèrent de la ville, les peuples crièrent à la fin du monde. C’est ainsi que Jérôme de Palestine écrivit « *Avec une ville et une seule, est mort le monde entier* ». C’était en 410. Et en effet, après presque 1000 ans sous le régime de l’Empire Romain, il devait être bien difficile d’imaginer comment continuer d’exister. Pourtant nous nous en sommes sortis, et nous sommes là, à faire les timides face à un changement drastique (mais très excitant) de système après seulement un siècle d’égarement ! Bien que s’en soit une, je n’aime pas parler de révolution. C’est un mot que j’utilise très peu. Très certainement parce que la révolution française fut violente et menée par des privilégiés. Et sans surprise la société actuelle est basée sur ce modèle dans lequel les plus aisés conservent et assurent leurs acquis par la force. Non. Pour partir sur des bases saines, le changement doit être universel et s’effectuer de façon sereine. Il est temps pour l’humanité de s’appuyer sur ses savoirs, ses expériences, son histoire pour construire et reconstruire ce qu’elle a saccagé. Il est temps qu’elle fasse la paix avec la nature, donc avec elle-même. Nous devons reconnaitre et accepter nos erreurs. Ne pas nous en vouloir. Car il est vrai que ce dernier siècle fut stimulant ! Nous avons fait plus de découvertes que jamais les autres civilisations réunies n’en ont faites. Nous avons créé la voiture, l’avion, la fusée, le satellite, avons inventé la télévision, internet, avons développé l’eau courante, l’électricité, les soins, avons pris conscience du droit des femmes et des LGBT… Si bien des combats restent à mener, il y a malgré tout vraiment de quoi s’enorgueillir ! Et si maintenant, nous mettions toute cette connaissance et tout ce savoir faire au service de notre environnement ? C’est sans doute le défit le plus exaltant de l’histoire de l’humanité, bien loin devant la conquête de l’espace ! Parce que s’atteler à le faire démontrera à quel point l’humain est un être ambitieux et sait rester solide face à la difficulté. Mais surtout parce qu’enfin nous aurons l’opportunité de mettre en application toutes nos valeurs positives comme l’amour, l’entraide, l’empathie, le respect ou encore le partage. Nous pourrons revaloriser la croissance intellectuelle, la connaissance, et la science. Et enfin nous aurons la chance de reconstruire, en nous basant sur toutes les richesses précédemment citées, un monde dans lequel nous serons en symbiose. Dans lequel nous remplacerons la destruction contre de l’harmonie, dans lequel l’objet sera moins intéressant que le vivant, dans lequel la domination fera place à la résilience. Alors nous lirons l’histoire d’aujourd’hui et comme nous en avons la sensation pour bien d’autres périodes, la considérerons comme extrêmement sombre, mais surtout très absurde. Et nous pourrons être fiers d’avoir fait preuve d’un fantastique courage collectif et de nous être opposés à l’horreur du néolibéralisme. Oui, ma place est ailleurs. Dans cet autre monde que nous allons construire. Le pouvoir est entre nos mains.
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12 vues • Il y a 5 ans
C’était au début du mois de janvier 2020. Une scène de vie on ne peut plus banale. J’accompagne mon petit frère se faire soigner les dents, quand le dentiste engage la conversation sur les températures incroyablement douces pour cette période de l’année. Il a raison : 18 degrés la journée, à peine en dessous de 10 degrés la nuit. Il pointe le néolibéralisme du doigt. Très bien, nous allons pouvoir nous entendre ! Mais au fil de la discussion une phrase, aussi anodine puisse-t-elle sembler, lui échappe : « Il va falloir s’y faire ! » À son écoute je sens mon cœur qui s’emballe. L’émotion me submerger. Était-ce de la colère ? Était-ce de la peur ? Tout est allé trop vite pour que je m’en souvienne. Peut-être un peu des deux. Le fait est que sur le moment et avec le manque de recul, je n’ai rien trouvé de plus hasardeux que de lui répondre que ce n’était peut-être pas une bonne idée. Quelques jours plus tard je regarde une émission politique. Le sujet de l’écologie, et plus particulièrement du dérèglement climatique, y est abordé. À nouveau c’est très rapide. Un intervenant lâche cette même phrase. Et encore je sens le monde s’écrouler sous mes pieds à son écoute : « Il va falloir s’y faire ! » Mais que se passe-t-il ? Nous arrivons enfin au 25 janvier pour qu’une 3ème expérience identique, lors d’un échange avec un libraire attristé de la fermeture de sa station de ski, me décide enfin de prendre le temps de décrypter cette sensation d’urgence qui s’empare de mon corps lorsqu’on me demande de m’habituer à la catastrophe climatique. C’est incontrôlable. Ça me prend de la tête aux pieds. Mes muscles se crispent, mon dos se redresse, mon rythme cardiaque s’accélère, mon cerveau perd toute sa capacité à aller chercher dans sa mémoire antérieure. Alors que mes interlocuteurs m’ordonnent de me soumettre à un futur déjà écrit, mon instinct de survie s’active avec violence et me suggère de fuir. Parce que derrière ce « Il va falloir s’y faire ! » il ne s’agit pas simplement de se satisfaire d’événements climatiques plus violents ou de températures plus douces. Si seulement il ne s’agissait que de cela, il suffirait de déplacer quelques maisons par-ci par-là pour que tout aille mieux dans le meilleur des mondes. Non. Nous sommes dans une situation d’extrême urgence. Le vivant, dont l’humain ne peut se soustraire, est en péril. Et ce dans un avenir proche. Les scientifiques du GIEC prévoient [une multiplication des famines dans le monde d’ici 2050](https://www.franceinter.fr/environnement/le-giec-redoute-de-voir-la-planete-affamee-par-la-vitesse-du-rechauffement-climatique). Si cette annonce est très sombre pour l’avenir de l’humanité, il faut en regarder la source pour comprendre qu’elle vise beaucoup plus large : [la biodiversité des sols et de la nature est en train d’être radicalement exterminée](https://reporterre.net/Alerte-biodiversite-le-vivant-s-effondre) par le mode de vie capitaliste. La vie se raréfie à une vitesse vertigineuse et ceux qui vivent proche de la nature ne peuvent que le confirmer. [La 6ème extinction de masse des espèces est en cours](https://www.nationalgeographic.fr/environnement/la-sixieme-extinction-massive-deja-commence), et elle d’origine humaine. Dois-je m’y habituer ? Dois-je accepter ce sort promis ? La réponse se résume en 3 lettres : non. Je refuse, mon corps refuse, mon esprit refuse. Parce que nous habitons la seule planète vivante que nous connaissons à l’heure actuelle. Parce que je refuse de me rendre complice, par mon asservissement au telos néolibéral, de la transformation de cet astre en un vulgaire cailloux. Le vivant est en train d’être massacré par le suicide de l’être humain. Et comme d’autres personnes lors de périodes graves de l’histoire, je fais instinctivement partie du camps des optimistes. Face à l’horreur et à la barbarie, nous sommes des millions à ne pouvoir nous soumettre à travers le monde. [Le néolibéralisme est en train de sombrer](https://www.huffingtonpost.fr/entry/barometre-edelman-capitalisme_fr_5e26b728c5b673621f7b2311) face à la résistance et ça, c’est certain, il va falloir s’y faire.
Raph
C’était au début du mois de janvier 2020. Une scène de vie on ne peut plus banale. J’accompagne mon petit frère se faire soigner les dents, quand le dentiste engage la conversation sur les températures incroyablement douces pour cette période de l’année. Il a raison : 18 degrés la journée, à peine en dessous de 10 degrés la nuit. Il pointe le néolibéralisme du doigt. Très bien, nous allons pouvoir nous entendre ! Mais au fil de la discussion une phrase, aussi anodine puisse-t-elle sembler, lui échappe : « Il va falloir s’y faire ! » À son écoute je sens mon cœur qui s’emballe. L’émotion me submerger. Était-ce de la colère ? Était-ce de la peur ? Tout est allé trop vite pour que je m’en souvienne. Peut-être un peu des deux. Le fait est que sur le moment et avec le manque de recul, je n’ai rien trouvé de plus hasardeux que de lui répondre que ce n’était peut-être pas une bonne idée. Quelques jours plus tard je regarde une émission politique. Le sujet de l’écologie, et plus particulièrement du dérèglement climatique, y est abordé. À nouveau c’est très rapide. Un intervenant lâche cette même phrase. Et encore je sens le monde s’écrouler sous mes pieds à son écoute : « Il va falloir s’y faire ! » Mais que se passe-t-il ? Nous arrivons enfin au 25 janvier pour qu’une 3ème expérience identique, lors d’un échange avec un libraire attristé de la fermeture de sa station de ski, me décide enfin de prendre le temps de décrypter cette sensation d’urgence qui s’empare de mon corps lorsqu’on me demande de m’habituer à la catastrophe climatique. C’est incontrôlable. Ça me prend de la tête aux pieds. Mes muscles se crispent, mon dos se redresse, mon rythme cardiaque s’accélère, mon cerveau perd toute sa capacité à aller chercher dans sa mémoire antérieure. Alors que mes interlocuteurs m’ordonnent de me soumettre à un futur déjà écrit, mon instinct de survie s’active avec violence et me suggère de fuir. Parce que derrière ce « Il va falloir s’y faire ! » il ne s’agit pas simplement de se satisfaire d’événements climatiques plus violents ou de températures plus douces. Si seulement il ne s’agissait que de cela, il suffirait de déplacer quelques maisons par-ci par-là pour que tout aille mieux dans le meilleur des mondes. Non. Nous sommes dans une situation d’extrême urgence. Le vivant, dont l’humain ne peut se soustraire, est en péril. Et ce dans un avenir proche. Les scientifiques du GIEC prévoient [une multiplication des famines dans le monde d’ici 2050](https://www.franceinter.fr/environnement/le-giec-redoute-de-voir-la-planete-affamee-par-la-vitesse-du-rechauffement-climatique). Si cette annonce est très sombre pour l’avenir de l’humanité, il faut en regarder la source pour comprendre qu’elle vise beaucoup plus large : [la biodiversité des sols et de la nature est en train d’être radicalement exterminée](https://reporterre.net/Alerte-biodiversite-le-vivant-s-effondre) par le mode de vie capitaliste. La vie se raréfie à une vitesse vertigineuse et ceux qui vivent proche de la nature ne peuvent que le confirmer. [La 6ème extinction de masse des espèces est en cours](https://www.nationalgeographic.fr/environnement/la-sixieme-extinction-massive-deja-commence), et elle d’origine humaine. Dois-je m’y habituer ? Dois-je accepter ce sort promis ? La réponse se résume en 3 lettres : non. Je refuse, mon corps refuse, mon esprit refuse. Parce que nous habitons la seule planète vivante que nous connaissons à l’heure actuelle. Parce que je refuse de me rendre complice, par mon asservissement au telos néolibéral, de la transformation de cet astre en un vulgaire cailloux. Le vivant est en train d’être massacré par le suicide de l’être humain. Et comme d’autres personnes lors de périodes graves de l’histoire, je fais instinctivement partie du camps des optimistes. Face à l’horreur et à la barbarie, nous sommes des millions à ne pouvoir nous soumettre à travers le monde. [Le néolibéralisme est en train de sombrer](https://www.huffingtonpost.fr/entry/barometre-edelman-capitalisme_fr_5e26b728c5b673621f7b2311) face à la résistance et ça, c’est certain, il va falloir s’y faire.
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10 vues • Il y a 5 ans
Il se passe en France et ailleurs dans le monde quelque chose d’inédit. Les pays dans lesquels l’ingérence américaine se fait la plus forte voient les voiles du fascisme se gonfler d’un grand vent néolibéral. En réponse à cette montée en puissance de ces régimes, [des insurrections éclatent partout sur la planète](https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/liban/liban-chili-hong-kong-soudan-pourquoi-le-monde-est-il-en-train-de-se-soulever_3672025.html). C’est dans ce genre de situation que l’histoire se fait criante. Aujourd’hui elle nous rappelle que toujours dans les périodes les plus sombres des derniers siècles, le capitalisme était quelque part à l’œuvre. Ces trois dernières années en France nous ont fait entrer dans cette aire. Pas que les précédents gouvernements n’aient fait preuve de fascisme, mais toujours avec plus de pudeur. Seulement nous arrivons à une période charnière de l’existence humaine et c’est notre environnement qui nous y emmène : les limites de la croissance commencent à se faire ressentir, remettant en question la raison d’exister du système capitaliste. Et il ne faut pas tomber dans le piège du discours de nos actuels “représentants” lorsque ceux-ci proclament que nous pourrons toujours miser sur la croissance des liens. Le sous-entendu est flagrant : ils souhaitent monétiser la famille, l’amitié, l’amour après les avoir détruit. Tout ce qui fait de nous des êtres de société. C’est déjà observable au travers des réseaux des GAFAM qui décident à notre place de qui et quoi nous allons pouvoir jouir. L’algorithme de Facebook décide avec qui nous gardons des liens d’amitié, celui de Tinder de qui nous allons tomber amoureux, ceux de YouTube et Netflix de quelle culture va s’afficher sur nos écrans, ect ect. Avec une variable constante : plus on est riche, plus l’accès à cette mise en réseau est complète. Il faut bien comprendre que le capitalisme fait ce qu’il a à faire : il fait tourner son moteur (la croissance) quel que soit le secteur à rendre rentable. Ce n’était pas un problème lorsqu’au début du XXème siècle une machine pouvait prendre la place de plusieurs dizaines d’Hommes tout en conservant une forte croissance. C’est ce qui permis l’accumulation, non sans batailles, de grandes avancées sociales : obtention des congés payés, réduction du nombre d’heures travaillées chaque semaine, départ à la retraite de plus en plus tôt, ect ect… Tout tendait d’apparence vers le mieux. C’était sans compter sur les limites de la soutenabilité par le système Terre de notre épanouissement croissant. Les signes d’affaiblissement de la croissance se font de plus en plus visibles. Et avec l’anéantissement de la biodiversité, du crime climatique, ou encore de l’appauvrissement culturel, la globalisation du fascisme partout dans le monde est l’un des signaux d’alarme que nous devrions écouter. Car désormais, pour ceux qui s’en font les garants, tout est acceptable tant que c’est fait au nom de la croissance. Comme par exemple éborgner des dizaines d’humains qui ne voulaient qu’exprimer toute la difficulté de leurs vies, en mutiler d’autres, diaboliser toute forme d’opposition politique, ou encore faire passer une réforme de force malgré le désaccord de la majorité des citoyens et ce dans des conditions incroyablement anti-démocratiques.
Cette réforme du système des retraites en précède d’autres du même acabit comme [la diminution drastique du droit d’accès au chômage](https://peertube.club/videos/watch/439217a9-95b0-43ec-a9aa-fc7e4a390532). Comme un acharnement sur le temps passé à travailler. Mais pourquoi ? Si ça reste à démontrer, je pressens que ça pourrait être le symptôme du ralentissement de notre avancée technique et technologique. De ce fait les machines remplaceraient de moins en moins d’Hommes, poussant ces derniers à travailler plus pour conserver la sacre-sainte croissance. Ça s’observe déjà dans notre quotidien : les caisses automatiques ne remplacent que 3 à 5 personnes, les bornes d’autoroutes qu’une seule. Même Amazon peine à réduire la main d’œuvre dans ses entrepôts ! // Il est évident que ces affirmations s’inscrivent dans le cadre néolibéral, et que je ne promeus pas la mécanisation qui engendre bien des malheurs pour ceux qui se font prendre leur travail. Je suis pour le salaire à vie ([façon Bernard Friot](https://invidio.us/watch?v=tqC1fQSsxr0)) et la reconnaissance du droit à l’oisiveté qui doit aller de pair avec le droit au travail. Car si on ne reconnait que le droit au travail, alors ce n’est plus un droit mais une obligation. C’est ainsi que le travail devient un outil d’asservissement. // Mais c’est sur l’avenir que nous devrions nous concentrer. Car lorsqu’une société se laisse tenter par le fascisme, ce sont toujours les derniers à avoir acquis des droits qui les perdent. Mais aussi les plus faibles, ceux qui ne peuvent pas produire autant de richesse que les autres et qui sont bien souvent sans défense. Et je crains pour toutes ces communautés qui ont lutté durant des décennies pour enfin gagner en sérénité. Ne laissons pas l’espoir d’une égalité disparaitre au bénéfice d’une hypothétique sécurité. Gardons la tête haute. Car lorsque certains font le pire, ils donnent raison aux autres. Nous sommes ces autres. Et désaveu de démocratie après désaveu de démocratie, les néolibéraux nous préparent la victoire. Non pas parce que nous sommes les plus forts. Mais parce que ça ne peut se passer autrement. Car plus personne ne croit en leur monde qui s’effondre. Nous allons vaincre. Pour qu’enfin la solidarité, la fraternité, la liberté, et la bienveillance brillent à nouveau.
Raph
Il se passe en France et ailleurs dans le monde quelque chose d’inédit. Les pays dans lesquels l’ingérence américaine se fait la plus forte voient les voiles du fascisme se gonfler d’un grand vent néolibéral. En réponse à cette montée en puissance de ces régimes, [des insurrections éclatent partout sur la planète](https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/liban/liban-chili-hong-kong-soudan-pourquoi-le-monde-est-il-en-train-de-se-soulever_3672025.html). C’est dans ce genre de situation que l’histoire se fait criante. Aujourd’hui elle nous rappelle que toujours dans les périodes les plus sombres des derniers siècles, le capitalisme était quelque part à l’œuvre. Ces trois dernières années en France nous ont fait entrer dans cette aire. Pas que les précédents gouvernements n’aient fait preuve de fascisme, mais toujours avec plus de pudeur. Seulement nous arrivons à une période charnière de l’existence humaine et c’est notre environnement qui nous y emmène : les limites de la croissance commencent à se faire ressentir, remettant en question la raison d’exister du système capitaliste. Et il ne faut pas tomber dans le piège du discours de nos actuels “représentants” lorsque ceux-ci proclament que nous pourrons toujours miser sur la croissance des liens. Le sous-entendu est flagrant : ils souhaitent monétiser la famille, l’amitié, l’amour après les avoir détruit. Tout ce qui fait de nous des êtres de société. C’est déjà observable au travers des réseaux des GAFAM qui décident à notre place de qui et quoi nous allons pouvoir jouir. L’algorithme de Facebook décide avec qui nous gardons des liens d’amitié, celui de Tinder de qui nous allons tomber amoureux, ceux de YouTube et Netflix de quelle culture va s’afficher sur nos écrans, ect ect. Avec une variable constante : plus on est riche, plus l’accès à cette mise en réseau est complète. Il faut bien comprendre que le capitalisme fait ce qu’il a à faire : il fait tourner son moteur (la croissance) quel que soit le secteur à rendre rentable. Ce n’était pas un problème lorsqu’au début du XXème siècle une machine pouvait prendre la place de plusieurs dizaines d’Hommes tout en conservant une forte croissance. C’est ce qui permis l’accumulation, non sans batailles, de grandes avancées sociales : obtention des congés payés, réduction du nombre d’heures travaillées chaque semaine, départ à la retraite de plus en plus tôt, ect ect… Tout tendait d’apparence vers le mieux. C’était sans compter sur les limites de la soutenabilité par le système Terre de notre épanouissement croissant. Les signes d’affaiblissement de la croissance se font de plus en plus visibles. Et avec l’anéantissement de la biodiversité, du crime climatique, ou encore de l’appauvrissement culturel, la globalisation du fascisme partout dans le monde est l’un des signaux d’alarme que nous devrions écouter. Car désormais, pour ceux qui s’en font les garants, tout est acceptable tant que c’est fait au nom de la croissance. Comme par exemple éborgner des dizaines d’humains qui ne voulaient qu’exprimer toute la difficulté de leurs vies, en mutiler d’autres, diaboliser toute forme d’opposition politique, ou encore faire passer une réforme de force malgré le désaccord de la majorité des citoyens et ce dans des conditions incroyablement anti-démocratiques.
Cette réforme du système des retraites en précède d’autres du même acabit comme [la diminution drastique du droit d’accès au chômage](https://peertube.club/videos/watch/439217a9-95b0-43ec-a9aa-fc7e4a390532). Comme un acharnement sur le temps passé à travailler. Mais pourquoi ? Si ça reste à démontrer, je pressens que ça pourrait être le symptôme du ralentissement de notre avancée technique et technologique. De ce fait les machines remplaceraient de moins en moins d’Hommes, poussant ces derniers à travailler plus pour conserver la sacre-sainte croissance. Ça s’observe déjà dans notre quotidien : les caisses automatiques ne remplacent que 3 à 5 personnes, les bornes d’autoroutes qu’une seule. Même Amazon peine à réduire la main d’œuvre dans ses entrepôts ! // Il est évident que ces affirmations s’inscrivent dans le cadre néolibéral, et que je ne promeus pas la mécanisation qui engendre bien des malheurs pour ceux qui se font prendre leur travail. Je suis pour le salaire à vie ([façon Bernard Friot](https://invidio.us/watch?v=tqC1fQSsxr0)) et la reconnaissance du droit à l’oisiveté qui doit aller de pair avec le droit au travail. Car si on ne reconnait que le droit au travail, alors ce n’est plus un droit mais une obligation. C’est ainsi que le travail devient un outil d’asservissement. // Mais c’est sur l’avenir que nous devrions nous concentrer. Car lorsqu’une société se laisse tenter par le fascisme, ce sont toujours les derniers à avoir acquis des droits qui les perdent. Mais aussi les plus faibles, ceux qui ne peuvent pas produire autant de richesse que les autres et qui sont bien souvent sans défense. Et je crains pour toutes ces communautés qui ont lutté durant des décennies pour enfin gagner en sérénité. Ne laissons pas l’espoir d’une égalité disparaitre au bénéfice d’une hypothétique sécurité. Gardons la tête haute. Car lorsque certains font le pire, ils donnent raison aux autres. Nous sommes ces autres. Et désaveu de démocratie après désaveu de démocratie, les néolibéraux nous préparent la victoire. Non pas parce que nous sommes les plus forts. Mais parce que ça ne peut se passer autrement. Car plus personne ne croit en leur monde qui s’effondre. Nous allons vaincre. Pour qu’enfin la solidarité, la fraternité, la liberté, et la bienveillance brillent à nouveau.

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Voici maintenant un certain nombre d’années que j’ai publié deux articles en rapport avec le partage sur le web. Le premier vous expliquant que je quittais Facebook, autrefois plateforme suprême du partage de liens entre personnes. Le deuxième questionnant le modèle de la plateforme uTip, et rappelant surtout les effets néfastes qu’ont eu les algorithmes discriminants pour le partage. J’avais baissé les bras lorsque j’ai trouvé LA plateforme, qui est plutôt un protocole, ultime et sur laquelle aucune société privée ne pourra mettre en place d’algorithmes privateurs de visibilité au bénéfice de la publicité : Mastodon. Mais également PeerTube et Pixelfed. Les trois plateformes étant interconnectées car utilisant un protocole commun portant le doux nom de Fediverse. ## 2010, la fin de l’ère du web du partage Lorsque le web s’est démocratisé dans les années 2000, c’était avant tout car il favorisait l’échange entre humains. Que ce soit par le biais de forums de discussion, de tchats, de sites persos, de blogs… Tout était prétexte à échanger, à communiquer, et le partage allait de bon train. Et puis les premières plateformes centralisées sont arrivées. Toutes proposant des services qui, au départ, allaient dans le sens du partage. YouTube et Dailymotion qui permettaient de diffuser des vidéos plus facilement, Facebook et Twitter qui permettaient de partager des liens ou du textes, Instagram qui permettait de partager des photos. *L'interface de YouTube en 2008* Ainsi, il était possible de publier une vidéo sur YouTube et de partager son lien sur Facebook. Et si le contenu était qualitatif, alors on pouvait espérer un effet boule de neige et voir son travail récompensé par une audience digne de ce nom. C’était l’âge d’or du partage sur le web. Et la promesse de tous les possibles. Et puis aux alentours de 2010, toutes ces entreprises sont passées en bourse, devant adopter par la même occasion des modèles économiques féroces afin de répondre aux exigences de leurs investisseurs. La stratégie fut la même partout : Mettre en place des algorithmes privateurs de visibilité en faveur de la publicité. Ainsi le contenu original et qualitatif a été remplacé par du contenu “choc”. Captant notre attention et encadrant des espaces publicitaires. Ces plateformes qui étaient au départ d’incroyables outils de partage s’étaient ainsi transformées en panneaux publicitaires. Exit les créateurs de contenu. Exit la mise en lien, essence d’internet, entre humains. Nous venions d’entamer **l’ère de la marchandisation du web**. ## L’ère de la marchandisation du web : La traversée du désert Tout site ayant pour modèle économique la publicité a une priorité absolue : capter notre attention. Plus nous leur consacrons du temps, plus nous sommes exposés à de la publicité, plus ils font des bénéfices. Que nous soyons sur Facebook, Instagram, Twitter, ou YouTube, le contenu auquel nous y sommes exposés nous y est imposé. Si le système d’abonnements nous donne l’illusion du choix et du contrôle, il n’en est rien. Les algorithmes nous sont vendus comme nous facilitant la vie, là où en réalité ils compliquent l’accès au contenu qui nous intéresse le plus. *“Reaching people on the internet”* *Crédit : [The Oatmeal](https://theoatmeal.com/comics/reaching_people)* De ce fait, l’ère de la marchandisation du web est celle dans laquelle l’utilisateur aire, devenu totalement passif. Il suffit d’essayer TikTok une heure pour en faire l’expérience. Nous qui pensions nous émanciper de la télévision où le programme nous était imposé… nous sommes laissés piégés par les GAFAMs qui reproduisent exactement le même schéma infantilisant. Côté créateurs de contenu ce fut la débandade. Alors que Facebook permettait de générer un effet de viralité des publications et ainsi d’assurer une visibilité conséquente à tout travail bien léché, qu’Instagram permettait de toucher des centaines de milliers d’utilisateurs, ou que YouTube ouvrait la possibilité de toucher un revenu tout en garder sa créativité intacte… Tout est devenu extrêmement vaporeux et précarisant lorsque les algorithmes se sont durcis. Là où le modèle de base récompensait la qualité, le nouveau modèle récompensait… nous ne savons pas. Et nous ne saurons jamais. Dans tous les cas la traversée du désert était bel et bien entamée pour les personnes qui, comme moi, utilisaient le web pour partager leurs œuvres avec le reste du monde. C’est ce moment que j’ai choisi pour quitter Facebook. Quelques temps plus tard j’arrêtais de faire des vidéos. Et depuis, je ne poste des photos qu’au compte goute lorsque le cœur m’en dit. Mais… ## Des médias sociaux éthiques existent Alors que tout semblait définitivement acquis à la loi du plus riche, de nouveaux médias sociaux ont pointé le bout de leur nez. Ou de leur trompe. J’ai découvert Mastodon fin 2018. Et ce fut un coup de cœur immédiat. Pas d’algorithme autre qu’antéchronologique, pas de société propriétaire multimilliardaire dont l’unique objectif est d’être rentable, un état d’esprit globalement bienveillant, des échanges toujours très intéressants. Et un peu à l’instar des forums de discussion chacun peut créer son propre serveur avec ses propres règles. *Source : [joinmastodon.org](https://joinmastodon.org/fr/servers)* Et si la surprise était déjà excellente, je découvrais dans le même temps la mécanique et les autres plateformes du Fediverse, protocole utilisé par Mastodon pour que chaque serveur puisse communiquer. Vous savez ? C’est exactement comme le sms ou le mail. On peut envoyer un sms depuis un iPhone à un ami qui possède un Android et les deux téléphones sont capables d’interpréter votre échange. La mise en page diffère cependant selon le modèle de smartphone. Pour le Fediverse c’est le même principe. Un message peut prendre la forme d’un texte, à l’instar de Twitter. Ou d’une vidéo, à l’instar de YouTube. Ou d’une image, à l’instar d’Instagram. Et devinez quoi ? Il existe différentes plateformes plutôt orientées texte, vidéo ou photo et capables de toutes communiquer entre-elles. Il s’agit de Mastodon que j’ai déjà évoqué, PeerTube, et Pixelfed. Puisque les 3 plateformes utilisent le même protocole -le Fediverse- il est possible de suivre un compte Pixelfed depuis Mastodon, un compte PeerTube depuis Mastodon, un compte Mastodon depuis Pixelfed… Et de commenter les publications directement depuis sa plateforme favorite. Imaginez pouvoir commenter une vidéo YouTube avec un compte Twitter, ou un tweet depuis votre compte Instagram… C’est ce que permet le Fediverse. *Exemple d’une publication sur PeerTube. Si l’affichage diffère selon si on est sur PeerTube ou Mastodon, il ne s’agit pourtant que d’une seule et même publication.* ## Des milliers de propriétaires : L’ère de la (re)décentralisation Au départ, aller sur le web était synonyme de diversité. Nous avions une multitude de sites à aller surveiller quotidiennement. C’était un enrichissement permanent. Pas tant par la foison de sites qui se proposaient à nous, mais surtout parce que nous étions investis dans la recherche du contenu. Google a d’ailleurs tiré son épingle du jeu à ce moment précis. Faire des recherches et découvrir des pépites étant le but du jeu. Le web était alors décentralisé. Chaque sujet avait son forum de discussions. Beaucoup de monde tenait également son site, ou son blog, pour partager son expérience avec les autres. C’était à la fois riche, mais difficile à suivre. C’est en offrant une réponse à cette difficulté que Facebook a pris de l’ampleur. Sur ce seul site nous pouvions nous exprimer, partager des photos, des moments de vie, des conseils, des vidéos… Le tout sans avoir à jongler savamment entre différents sites. C’est le symbole de la centralisation du web. Le Fediverse allie les forces de la centralisations ainsi que celles de la décentralisation. Une seule plateforme, des milliers de serveurs tous connectés les uns aux autres. Si la plateforme est la même, chaque administrateur applique la politique qu’il souhaite sur son serveur. Si cette proximité retrouvée avec l’administrateur peut au départ intimider, le fait est que ce modèle permet d’éviter que toutes les dérives observées chez les GAFAMs se reproduisent. La plupart des serveurs sont soit directement financés par leurs administrateurs, soit autofinancés par leurs communautés. Ainsi, la publicité et les algorithmes qui vont avec, n’ont pas leur place sur le réseau. Et pour être administrateur de trois serveurs je peux vous assurer que lorsqu’on propose des services de communication à des personnes, on se sent responsables de la sécurité de leurs données. Car oui. Pour en revenir à mon sinueux parcours, j’en suis là. Lorsque j’ai découvert Mastodon, j’ai d’abord expérimenté l’outil sur de gros serveurs, pour très vite ressentir la nécessité de prendre mon autonomie et d’avoir les miens. Autrefois administrateur de deux gros forums, j’étais à l’aise avec les notions d’administration et de modération. Et je trouve qu’il est toujours plus agréable et sécurisant d’être “chez soi”. Autant d’invités puis-je avoir. Si j’administre [tooter‧social](https://tooter.social/), [peertube‧stream](https://peertube.stream/) et [pixelfed.fr](https://pixelfed.fr/) ce n’est pas seulement pour le loisir. C’est aussi par convictions. Car j’ai retrouvé avec le Fediverse l’essence même du web : du lien, du partage, de l’ouverture, de l’enrichissement, de l’humanité. Tout l’inverse de l’expérience que nous proposent désormais les GAFAMs. C’est pour toutes ces raisons que le Fediverse est devenu mon principal outil de partage sur le web. C’est également pour toutes ces raisons que mes instances sont ouvertes à tous : pour permettre à d’autres de profiter de cette fenêtre sur le monde. Si l’ère de sa marchandisation est loin d’être terminée, le Fediverse et ses 9 millions d’utilisateurs redonnent toute sa grâce à la raison d’exister du web : Le partage. L’ère du web du partage est terminée. Vive l’ère du web partage !
Raph
Voici maintenant un certain nombre d’années que j’ai publié deux articles en rapport avec le partage sur le web. Le premier vous expliquant que je quittais Facebook, autrefois plateforme suprême du partage de liens entre personnes. Le deuxième questionnant le modèle de la plateforme uTip, et rappelant surtout les effets néfastes qu’ont eu les algorithmes discriminants pour le partage. J’avais baissé les bras lorsque j’ai trouvé LA plateforme, qui est plutôt un protocole, ultime et sur laquelle aucune société privée ne pourra mettre en place d’algorithmes privateurs de visibilité au bénéfice de la publicité : Mastodon. Mais également PeerTube et Pixelfed. Les trois plateformes étant interconnectées car utilisant un protocole commun portant le doux nom de Fediverse. ## 2010, la fin de l’ère du web du partage Lorsque le web s’est démocratisé dans les années 2000, c’était avant tout car il favorisait l’échange entre humains. Que ce soit par le biais de forums de discussion, de tchats, de sites persos, de blogs… Tout était prétexte à échanger, à communiquer, et le partage allait de bon train. Et puis les premières plateformes centralisées sont arrivées. Toutes proposant des services qui, au départ, allaient dans le sens du partage. YouTube et Dailymotion qui permettaient de diffuser des vidéos plus facilement, Facebook et Twitter qui permettaient de partager des liens ou du textes, Instagram qui permettait de partager des photos. *L'interface de YouTube en 2008* Ainsi, il était possible de publier une vidéo sur YouTube et de partager son lien sur Facebook. Et si le contenu était qualitatif, alors on pouvait espérer un effet boule de neige et voir son travail récompensé par une audience digne de ce nom. C’était l’âge d’or du partage sur le web. Et la promesse de tous les possibles. Et puis aux alentours de 2010, toutes ces entreprises sont passées en bourse, devant adopter par la même occasion des modèles économiques féroces afin de répondre aux exigences de leurs investisseurs. La stratégie fut la même partout : Mettre en place des algorithmes privateurs de visibilité en faveur de la publicité. Ainsi le contenu original et qualitatif a été remplacé par du contenu “choc”. Captant notre attention et encadrant des espaces publicitaires. Ces plateformes qui étaient au départ d’incroyables outils de partage s’étaient ainsi transformées en panneaux publicitaires. Exit les créateurs de contenu. Exit la mise en lien, essence d’internet, entre humains. Nous venions d’entamer **l’ère de la marchandisation du web**. ## L’ère de la marchandisation du web : La traversée du désert Tout site ayant pour modèle économique la publicité a une priorité absolue : capter notre attention. Plus nous leur consacrons du temps, plus nous sommes exposés à de la publicité, plus ils font des bénéfices. Que nous soyons sur Facebook, Instagram, Twitter, ou YouTube, le contenu auquel nous y sommes exposés nous y est imposé. Si le système d’abonnements nous donne l’illusion du choix et du contrôle, il n’en est rien. Les algorithmes nous sont vendus comme nous facilitant la vie, là où en réalité ils compliquent l’accès au contenu qui nous intéresse le plus. *“Reaching people on the internet”* *Crédit : [The Oatmeal](https://theoatmeal.com/comics/reaching_people)* De ce fait, l’ère de la marchandisation du web est celle dans laquelle l’utilisateur aire, devenu totalement passif. Il suffit d’essayer TikTok une heure pour en faire l’expérience. Nous qui pensions nous émanciper de la télévision où le programme nous était imposé… nous sommes laissés piégés par les GAFAMs qui reproduisent exactement le même schéma infantilisant. Côté créateurs de contenu ce fut la débandade. Alors que Facebook permettait de générer un effet de viralité des publications et ainsi d’assurer une visibilité conséquente à tout travail bien léché, qu’Instagram permettait de toucher des centaines de milliers d’utilisateurs, ou que YouTube ouvrait la possibilité de toucher un revenu tout en garder sa créativité intacte… Tout est devenu extrêmement vaporeux et précarisant lorsque les algorithmes se sont durcis. Là où le modèle de base récompensait la qualité, le nouveau modèle récompensait… nous ne savons pas. Et nous ne saurons jamais. Dans tous les cas la traversée du désert était bel et bien entamée pour les personnes qui, comme moi, utilisaient le web pour partager leurs œuvres avec le reste du monde. C’est ce moment que j’ai choisi pour quitter Facebook. Quelques temps plus tard j’arrêtais de faire des vidéos. Et depuis, je ne poste des photos qu’au compte goute lorsque le cœur m’en dit. Mais… ## Des médias sociaux éthiques existent Alors que tout semblait définitivement acquis à la loi du plus riche, de nouveaux médias sociaux ont pointé le bout de leur nez. Ou de leur trompe. J’ai découvert Mastodon fin 2018. Et ce fut un coup de cœur immédiat. Pas d’algorithme autre qu’antéchronologique, pas de société propriétaire multimilliardaire dont l’unique objectif est d’être rentable, un état d’esprit globalement bienveillant, des échanges toujours très intéressants. Et un peu à l’instar des forums de discussion chacun peut créer son propre serveur avec ses propres règles. *Source : [joinmastodon.org](https://joinmastodon.org/fr/servers)* Et si la surprise était déjà excellente, je découvrais dans le même temps la mécanique et les autres plateformes du Fediverse, protocole utilisé par Mastodon pour que chaque serveur puisse communiquer. Vous savez ? C’est exactement comme le sms ou le mail. On peut envoyer un sms depuis un iPhone à un ami qui possède un Android et les deux téléphones sont capables d’interpréter votre échange. La mise en page diffère cependant selon le modèle de smartphone. Pour le Fediverse c’est le même principe. Un message peut prendre la forme d’un texte, à l’instar de Twitter. Ou d’une vidéo, à l’instar de YouTube. Ou d’une image, à l’instar d’Instagram. Et devinez quoi ? Il existe différentes plateformes plutôt orientées texte, vidéo ou photo et capables de toutes communiquer entre-elles. Il s’agit de Mastodon que j’ai déjà évoqué, PeerTube, et Pixelfed. Puisque les 3 plateformes utilisent le même protocole -le Fediverse- il est possible de suivre un compte Pixelfed depuis Mastodon, un compte PeerTube depuis Mastodon, un compte Mastodon depuis Pixelfed… Et de commenter les publications directement depuis sa plateforme favorite. Imaginez pouvoir commenter une vidéo YouTube avec un compte Twitter, ou un tweet depuis votre compte Instagram… C’est ce que permet le Fediverse. *Exemple d’une publication sur PeerTube. Si l’affichage diffère selon si on est sur PeerTube ou Mastodon, il ne s’agit pourtant que d’une seule et même publication.* ## Des milliers de propriétaires : L’ère de la (re)décentralisation Au départ, aller sur le web était synonyme de diversité. Nous avions une multitude de sites à aller surveiller quotidiennement. C’était un enrichissement permanent. Pas tant par la foison de sites qui se proposaient à nous, mais surtout parce que nous étions investis dans la recherche du contenu. Google a d’ailleurs tiré son épingle du jeu à ce moment précis. Faire des recherches et découvrir des pépites étant le but du jeu. Le web était alors décentralisé. Chaque sujet avait son forum de discussions. Beaucoup de monde tenait également son site, ou son blog, pour partager son expérience avec les autres. C’était à la fois riche, mais difficile à suivre. C’est en offrant une réponse à cette difficulté que Facebook a pris de l’ampleur. Sur ce seul site nous pouvions nous exprimer, partager des photos, des moments de vie, des conseils, des vidéos… Le tout sans avoir à jongler savamment entre différents sites. C’est le symbole de la centralisation du web. Le Fediverse allie les forces de la centralisations ainsi que celles de la décentralisation. Une seule plateforme, des milliers de serveurs tous connectés les uns aux autres. Si la plateforme est la même, chaque administrateur applique la politique qu’il souhaite sur son serveur. Si cette proximité retrouvée avec l’administrateur peut au départ intimider, le fait est que ce modèle permet d’éviter que toutes les dérives observées chez les GAFAMs se reproduisent. La plupart des serveurs sont soit directement financés par leurs administrateurs, soit autofinancés par leurs communautés. Ainsi, la publicité et les algorithmes qui vont avec, n’ont pas leur place sur le réseau. Et pour être administrateur de trois serveurs je peux vous assurer que lorsqu’on propose des services de communication à des personnes, on se sent responsables de la sécurité de leurs données. Car oui. Pour en revenir à mon sinueux parcours, j’en suis là. Lorsque j’ai découvert Mastodon, j’ai d’abord expérimenté l’outil sur de gros serveurs, pour très vite ressentir la nécessité de prendre mon autonomie et d’avoir les miens. Autrefois administrateur de deux gros forums, j’étais à l’aise avec les notions d’administration et de modération. Et je trouve qu’il est toujours plus agréable et sécurisant d’être “chez soi”. Autant d’invités puis-je avoir. Si j’administre [tooter‧social](https://tooter.social/), [peertube‧stream](https://peertube.stream/) et [pixelfed.fr](https://pixelfed.fr/) ce n’est pas seulement pour le loisir. C’est aussi par convictions. Car j’ai retrouvé avec le Fediverse l’essence même du web : du lien, du partage, de l’ouverture, de l’enrichissement, de l’humanité. Tout l’inverse de l’expérience que nous proposent désormais les GAFAMs. C’est pour toutes ces raisons que le Fediverse est devenu mon principal outil de partage sur le web. C’est également pour toutes ces raisons que mes instances sont ouvertes à tous : pour permettre à d’autres de profiter de cette fenêtre sur le monde. Si l’ère de sa marchandisation est loin d’être terminée, le Fediverse et ses 9 millions d’utilisateurs redonnent toute sa grâce à la raison d’exister du web : Le partage. L’ère du web du partage est terminée. Vive l’ère du web partage !