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4 vues • Il y a 6 ans
Très souvent les articles dotés d’un titre proche de celui-ci tendent à expliquer que les réseaux sociaux sont nocifs pour le bien être mental, que ce qui y est publié ne correspond pas à la vraie vie, ou encore que par respect de notre vie privée il est bon de s’en détacher. Ce ne sera pas le cas aujourd’hui. Car dans cet article je vais vous expliquer pourquoi les géants des réseaux sociaux, et en particulier Facebook et Instagram, se transforment peu à peu en médias sociaux. Et pourquoi le terme social ne reste pertinent que parce qu’on peut y ajouter des contacts. Ainsi vous comprendrez pourquoi en tant que créateur de contenu, j’ai décidé de me détacher de ces médias. ## La portée et l’engagement Sur les réseaux sociaux, la portée et l’engagement sont les nerfs de la guerre. Le but est d’y toucher un maximum de monde (la portée) qui interagira un maximum avec vos publications (l’engagement). Pour y parvenir il faut se créer une communauté. La faire grandir, et lui proposer un contenu attrayant. Jusqu’ici tout parait logique et applicable. Seulement non. Facebook (et Instagram qui lui appartient) bride les publications. Même si les profils bénéficient de plus de portée que les pages, on touchera au mieux 10% de nos amis. Concernant les pages ça devient beaucoup plus compliqué puisque les publications les plus intéressantes parviendront difficilement à atteindre 1% de portée pour un engagement quasi-nul. Officiellement Facebook fait ça pour proposer un contenu plus pertinent aux utilisateurs en triant ce qui l’intéressera et ce qui ne l’intéressera pas. La méthode est simple : en abandonnant le fil d’actualité chronologique, le site propose un contenu sélectionné par un algorithme à ses utilisateurs. Mais soyons francs : qui n’a jamais été frustré de ne plus voir les publications de telle ou telle personne? On commence alors à comprendre que non, l’interêt de ce mode d’affichage n’est pas pour l’utilisateur. Donc, de façon moins informelle ça leur permet surtout de générer beaucoup plus de bénéfice en obligeant les pages à mettre la main au porte monnaie pour mettre en avant leurs publications. Pendant longtemps j’ai pensé que mon contenu ne plaisait plus. Que j’avais régressé, ou que mon style était trop en décalage avec une attente globale peu hétérogène. Pour une communauté de 23000 personnes, mes publications n’en touchaient que 800-1000 pour 10-15 likes, aucun partage ni aucun commentaire. Je perdais même des abonnés au goûte à goûte. L’angoisse. Alors j’ai réalisé quelques tests en sponsorisant la quasi-totalité de mes publications à hauteur de 5 à 10€ chacune. Et bien entendu les résultats ne furent pas surprenants : Je suis arrivé à des portées allant de 4000 à 10000 personnes atteintes, pour 500 à 800 likes, quelques partages et pas mal de commentaires. J’ai aussi gagné des abonnés par centaines. ET l’intégralité de ma page a été impacté par chaque publication sponsorisée. Ce qui me choque en premier dans ces chiffres c’est la différence de taux d’engagement entre les deux cas de figure. 1,5% pour une publication simple contre 9% en payant. De façon logique il devrait pourtant être proche : mes photos ne plaisant pas moins si je ne paye pas. J’ai alors compris que, au delà de brider la portée, Facebook bride également le taux d’engagement en ne proposant pas notre contenu aux personnes les plus intéressées si on ne le booste pas. Ce qui à la longue donne cette sensation très désagréable de mal faire son travail et d’être inintéressant. ## Le respect des créateurs est mort Le problème étant que construire une communauté prend du temps. Beaucoup de temps. Ça demande à mettre en place des stratégies, à suivre une ligne éditoriale solide, et à être constant. Et Facebook comme Instagram ont adopté une méthode traitre : ne rien brider au départ pour attirer les créateurs de contenu qui y trouvaient une audience, puis petit à petit restreindre la portée et l’engagement les obligeant à payer pour maintenir difficilement cette même audience. Seulement voilà… Que seraient ces sites sans créateurs de contenu? Qu’il s’agisse des sites d’information, des artistes, des blogueurs, des sportifs, ect… Le principal contenu donnant une valeur ajoutée à nos fils d’actualité proviennent de tous ces acteurs. Je comprend parfaitement qu’une telle stratégie vise principalement les grandes entreprises, mais que deviennent tous ces créateurs indépendants qui n’ont pas les moyens de financer des centaines d’euros par mois en publicité? On les oublie et les oblige à rester ou retomber dans l’anonymat. Et fait vicieux : le fil d’actualité nous présente ainsi des publications peu attrayantes mélangées à des publicités, rendant Facebook et Instagram de moins en moins intéressants pour les utilisateurs. Injustice notable : les deux sites bénéficient d’un quasi-monopole, les rendant malgré tout indispensables. Vous noterez que je n’ai pas parlé de Twitter qui reste selon moi le seul vrai réseau social existant aujourd’hui, mais dont le nombre d’utilisateurs actifs est trop faible pour s’y construire une véritable communauté. Ni de YouTube dont le fonctionnement est très différent, mais pourtant très injuste également. ## Réseaux sociaux, médias sociaux, médias… tout court? À l’origine des réseaux sociaux, des gens qui s’ajoutaient en amis pour échanger entre eux. On parlait de réseaux car un contact pouvait en apporter un autre en fonction de son interaction avec vous. Ainsi par arborescence, on pouvait toucher énormément de personnes avec une publication intéressante. De là est né le phénomène de viralité, dont on ne parle d’ailleurs presque plus aujourd’hui. Puis, la portée et l’engagement ayant été bridés, les réseaux sociaux ne sont plus devenus que des médias sociaux. De simple sites où on échangeait du contenu avec des contacts sans même être sûr de les atteindre. Et bien entendu, nous ne pensions même plus à atteindre les amis de nos amis : la portée des partages étant devenue quasi-nulle. Aujourd’hui, la bride se resserrant sans cesse, nos pages deviennent petit à petit des portfolios. On en arrive au stade de simples médias sur lesquels on publie en priant de toutes nos forces pour que quelqu’un tombe dessus un jour. ## Alors… Que faire? Pour ma part je fais un bon en arrière dans le temps et décide de reprendre le contrôle sur ma communauté. Comment? En créant mon propre site de contenu pour y publier mes humeurs, mes photographies et peut-être (si je m’y remet) mes vidéos. ~~Avec un retour non-anécdotique à la newsletter. Ainsi je suis certain que chaque abonné recevra mon actualité dans sa boite mail et que mon travail ne sera plus vain. D’ailleurs je vous invite à me rejoindre en vous abonnant via le formulaire ci-dessous 🙂~~ EDIT : La newsletter n’ayant pas eu le succès qu’elle méritait, je préfère désormais passer via Twitter pour partager les liens de mes articles. Aussi, [avec l’arrivée de uTip](http://raph.tv/notes/utip) est apparu un nouveau mode de partage pour les créateurs. Je vous invite à m’y suivre et à m’y soutenir !
Raph
Très souvent les articles dotés d’un titre proche de celui-ci tendent à expliquer que les réseaux sociaux sont nocifs pour le bien être mental, que ce qui y est publié ne correspond pas à la vraie vie, ou encore que par respect de notre vie privée il est bon de s’en détacher. Ce ne sera pas le cas aujourd’hui. Car dans cet article je vais vous expliquer pourquoi les géants des réseaux sociaux, et en particulier Facebook et Instagram, se transforment peu à peu en médias sociaux. Et pourquoi le terme social ne reste pertinent que parce qu’on peut y ajouter des contacts. Ainsi vous comprendrez pourquoi en tant que créateur de contenu, j’ai décidé de me détacher de ces médias. ## La portée et l’engagement Sur les réseaux sociaux, la portée et l’engagement sont les nerfs de la guerre. Le but est d’y toucher un maximum de monde (la portée) qui interagira un maximum avec vos publications (l’engagement). Pour y parvenir il faut se créer une communauté. La faire grandir, et lui proposer un contenu attrayant. Jusqu’ici tout parait logique et applicable. Seulement non. Facebook (et Instagram qui lui appartient) bride les publications. Même si les profils bénéficient de plus de portée que les pages, on touchera au mieux 10% de nos amis. Concernant les pages ça devient beaucoup plus compliqué puisque les publications les plus intéressantes parviendront difficilement à atteindre 1% de portée pour un engagement quasi-nul. Officiellement Facebook fait ça pour proposer un contenu plus pertinent aux utilisateurs en triant ce qui l’intéressera et ce qui ne l’intéressera pas. La méthode est simple : en abandonnant le fil d’actualité chronologique, le site propose un contenu sélectionné par un algorithme à ses utilisateurs. Mais soyons francs : qui n’a jamais été frustré de ne plus voir les publications de telle ou telle personne? On commence alors à comprendre que non, l’interêt de ce mode d’affichage n’est pas pour l’utilisateur. Donc, de façon moins informelle ça leur permet surtout de générer beaucoup plus de bénéfice en obligeant les pages à mettre la main au porte monnaie pour mettre en avant leurs publications. Pendant longtemps j’ai pensé que mon contenu ne plaisait plus. Que j’avais régressé, ou que mon style était trop en décalage avec une attente globale peu hétérogène. Pour une communauté de 23000 personnes, mes publications n’en touchaient que 800-1000 pour 10-15 likes, aucun partage ni aucun commentaire. Je perdais même des abonnés au goûte à goûte. L’angoisse. Alors j’ai réalisé quelques tests en sponsorisant la quasi-totalité de mes publications à hauteur de 5 à 10€ chacune. Et bien entendu les résultats ne furent pas surprenants : Je suis arrivé à des portées allant de 4000 à 10000 personnes atteintes, pour 500 à 800 likes, quelques partages et pas mal de commentaires. J’ai aussi gagné des abonnés par centaines. ET l’intégralité de ma page a été impacté par chaque publication sponsorisée. Ce qui me choque en premier dans ces chiffres c’est la différence de taux d’engagement entre les deux cas de figure. 1,5% pour une publication simple contre 9% en payant. De façon logique il devrait pourtant être proche : mes photos ne plaisant pas moins si je ne paye pas. J’ai alors compris que, au delà de brider la portée, Facebook bride également le taux d’engagement en ne proposant pas notre contenu aux personnes les plus intéressées si on ne le booste pas. Ce qui à la longue donne cette sensation très désagréable de mal faire son travail et d’être inintéressant. ## Le respect des créateurs est mort Le problème étant que construire une communauté prend du temps. Beaucoup de temps. Ça demande à mettre en place des stratégies, à suivre une ligne éditoriale solide, et à être constant. Et Facebook comme Instagram ont adopté une méthode traitre : ne rien brider au départ pour attirer les créateurs de contenu qui y trouvaient une audience, puis petit à petit restreindre la portée et l’engagement les obligeant à payer pour maintenir difficilement cette même audience. Seulement voilà… Que seraient ces sites sans créateurs de contenu? Qu’il s’agisse des sites d’information, des artistes, des blogueurs, des sportifs, ect… Le principal contenu donnant une valeur ajoutée à nos fils d’actualité proviennent de tous ces acteurs. Je comprend parfaitement qu’une telle stratégie vise principalement les grandes entreprises, mais que deviennent tous ces créateurs indépendants qui n’ont pas les moyens de financer des centaines d’euros par mois en publicité? On les oublie et les oblige à rester ou retomber dans l’anonymat. Et fait vicieux : le fil d’actualité nous présente ainsi des publications peu attrayantes mélangées à des publicités, rendant Facebook et Instagram de moins en moins intéressants pour les utilisateurs. Injustice notable : les deux sites bénéficient d’un quasi-monopole, les rendant malgré tout indispensables. Vous noterez que je n’ai pas parlé de Twitter qui reste selon moi le seul vrai réseau social existant aujourd’hui, mais dont le nombre d’utilisateurs actifs est trop faible pour s’y construire une véritable communauté. Ni de YouTube dont le fonctionnement est très différent, mais pourtant très injuste également. ## Réseaux sociaux, médias sociaux, médias… tout court? À l’origine des réseaux sociaux, des gens qui s’ajoutaient en amis pour échanger entre eux. On parlait de réseaux car un contact pouvait en apporter un autre en fonction de son interaction avec vous. Ainsi par arborescence, on pouvait toucher énormément de personnes avec une publication intéressante. De là est né le phénomène de viralité, dont on ne parle d’ailleurs presque plus aujourd’hui. Puis, la portée et l’engagement ayant été bridés, les réseaux sociaux ne sont plus devenus que des médias sociaux. De simple sites où on échangeait du contenu avec des contacts sans même être sûr de les atteindre. Et bien entendu, nous ne pensions même plus à atteindre les amis de nos amis : la portée des partages étant devenue quasi-nulle. Aujourd’hui, la bride se resserrant sans cesse, nos pages deviennent petit à petit des portfolios. On en arrive au stade de simples médias sur lesquels on publie en priant de toutes nos forces pour que quelqu’un tombe dessus un jour. ## Alors… Que faire? Pour ma part je fais un bon en arrière dans le temps et décide de reprendre le contrôle sur ma communauté. Comment? En créant mon propre site de contenu pour y publier mes humeurs, mes photographies et peut-être (si je m’y remet) mes vidéos. ~~Avec un retour non-anécdotique à la newsletter. Ainsi je suis certain que chaque abonné recevra mon actualité dans sa boite mail et que mon travail ne sera plus vain. D’ailleurs je vous invite à me rejoindre en vous abonnant via le formulaire ci-dessous 🙂~~ EDIT : La newsletter n’ayant pas eu le succès qu’elle méritait, je préfère désormais passer via Twitter pour partager les liens de mes articles. Aussi, [avec l’arrivée de uTip](http://raph.tv/notes/utip) est apparu un nouveau mode de partage pour les créateurs. Je vous invite à m’y suivre et à m’y soutenir !
Articles
50 vues • Il y a 1 an
Voici maintenant un certain nombre d’années que j’ai publié deux articles en rapport avec le partage sur le web. Le premier vous expliquant que[ je quittais Facebook](https://raph.tv/notes/quitter-facebook), autrefois plateforme suprême du partage de liens entre personnes. Le deuxième questionnant [le modèle de la plateforme uTip](https://raph.tv/notes/utip), et rappelant surtout les effets néfastes qu’ont eu les algorithmes discriminants pour le partage. J’avais baissé les bras lorsque j’ai trouvé LA plateforme, qui est plutôt un protocole, ultime et sur laquelle aucune société privée ne pourra mettre en place d’algorithmes privateurs de visibilité au bénéfice de la publicité : Mastodon. Mais également PeerTube et Pixelfed. Les trois plateformes étant interconnectées car utilisant un protocole commun portant le doux nom de Fediverse. ## 2010, la fin de l’ère du web du partage Lorsque le web s’est démocratisé dans les années 2000, c’était avant tout car il favorisait l’échange entre humains. Que ce soit par le biais de forums de discussion, de tchats, de sites persos, de blogs… Tout était prétexte à échanger, à communiquer, et le partage allait de bon train. Et puis les premières plateformes centralisées sont arrivées. Toutes proposant des services qui, au départ, allaient dans le sens du partage. YouTube et Dailymotion qui permettaient de diffuser des vidéos plus facilement, Facebook et Twitter qui permettaient de partager des liens ou du textes, Instagram qui permettait de partager des photos. *L'interface de YouTube en 2008* Ainsi, il était possible de publier une vidéo sur YouTube et de partager son lien sur Facebook. Et si le contenu était qualitatif, alors on pouvait espérer un effet boule de neige et voir son travail récompensé par une audience digne de ce nom. C’était l’âge d’or du partage sur le web. Et la promesse de tous les possibles. Et puis aux alentours de 2010, toutes ces entreprises sont passées en bourse, devant adopter par la même occasion des modèles économiques féroces afin de répondre aux exigences de leurs investisseurs. La stratégie fut la même partout : Mettre en place des algorithmes privateurs de visibilité en faveur de la publicité. Ainsi le contenu original et qualitatif a été remplacé par du contenu “choc”. Captant notre attention et encadrant des espaces publicitaires. Ces plateformes qui étaient au départ d’incroyables outils de partage s’étaient ainsi transformées en panneaux publicitaires. Exit les créateurs de contenu. Exit la mise en lien, essence d’internet, entre humains. Nous venions d’entamer **l’ère de la marchandisation du web**. ## L’ère de la marchandisation du web : La traversée du désert Tout site ayant pour modèle économique la publicité a une priorité absolue : capter notre attention. Plus nous leur consacrons du temps, plus nous sommes exposés à de la publicité, plus ils font des bénéfices. Que nous soyons sur Facebook, Instagram, Twitter, ou YouTube, le contenu auquel nous y sommes exposés nous y est imposé. Si le système d’abonnements nous donne l’illusion du choix et du contrôle, il n’en est rien. Les algorithmes nous sont vendus comme nous facilitant la vie, là où en réalité ils compliquent l’accès au contenu qui nous intéresse le plus. *“Reaching people on the internet”* *Crédit : [The Oatmeal](https://theoatmeal.com/comics/reaching_people)* De ce fait, l’ère de la marchandisation du web est celle dans laquelle l’utilisateur aire, devenu totalement passif. Il suffit d’essayer TikTok une heure pour en faire l’expérience. Nous qui pensions nous émanciper de la télévision où le programme nous était imposé… nous sommes laissés piégés par les GAFAMs qui reproduisent exactement le même schéma infantilisant. Côté créateurs de contenu ce fut la débandade. Alors que Facebook permettait de générer un effet de viralité des publications et ainsi d’assurer une visibilité conséquente à tout travail bien léché, qu’Instagram permettait de toucher des centaines de milliers d’utilisateurs, ou que YouTube ouvrait la possibilité de toucher un revenu tout en garder sa créativité intacte… Tout est devenu extrêmement vaporeux et précarisant lorsque les algorithmes se sont durcis. Là où le modèle de base récompensait la qualité, le nouveau modèle récompensait… nous ne savons pas. Et nous ne saurons jamais. Dans tous les cas la traversée du désert était bel et bien entamée pour les personnes qui, comme moi, utilisaient le web pour partager leurs œuvres avec le reste du monde. C’est ce moment que j’ai choisi pour quitter Facebook. Quelques temps plus tard j’arrêtais de faire des vidéos. Et depuis, je ne poste des photos qu’au compte goute lorsque le cœur m’en dit. Mais… ## Des médias sociaux éthiques existent Alors que tout semblait définitivement acquis à la loi du plus riche, de nouveaux médias sociaux ont pointé le bout de leur nez. Ou de leur trompe. J’ai découvert Mastodon fin 2018. Et ce fut un coup de cœur immédiat. Pas d’algorithme autre qu’antéchronologique, pas de société propriétaire multimilliardaire dont l’unique objectif est d’être rentable, un état d’esprit globalement bienveillant, des échanges toujours très intéressants. Et un peu à l’instar des forums de discussion chacun peut créer son propre serveur avec ses propres règles. *Source : [joinmastodon.org](https://joinmastodon.org/fr/servers)* Et si la surprise était déjà excellente, je découvrais dans le même temps la mécanique et les autres plateformes du Fediverse, protocole utilisé par Mastodon pour que chaque serveur puisse communiquer. Vous savez ? C’est exactement comme le sms ou le mail. On peut envoyer un sms depuis un iPhone à un ami qui possède un Android et les deux téléphones sont capables d’interpréter votre échange. La mise en page diffère cependant selon le modèle de smartphone. Pour le Fediverse c’est le même principe. Un message peut prendre la forme d’un texte, à l’instar de Twitter. Ou d’une vidéo, à l’instar de YouTube. Ou d’une image, à l’instar d’Instagram. Et devinez quoi ? Il existe différentes plateformes plutôt orientées texte, vidéo ou photo et capables de toutes communiquer entre-elles. Il s’agit de Mastodon que j’ai déjà évoqué, PeerTube, et Pixelfed. Puisque les 3 plateformes utilisent le même protocole -le Fediverse- il est possible de suivre un compte Pixelfed depuis Mastodon, un compte PeerTube depuis Mastodon, un compte Mastodon depuis Pixelfed… Et de commenter les publications directement depuis sa plateforme favorite. Imaginez pouvoir commenter une vidéo YouTube avec un compte Twitter, ou un tweet depuis votre compte Instagram… C’est ce que permet le Fediverse. *Exemple d’une publication sur PeerTube. Si l’affichage diffère selon si on est sur PeerTube ou Mastodon, il ne s’agit pourtant que d’une seule et même publication.* ## Des milliers de propriétaires : L’ère de la (re)décentralisation Au départ, aller sur le web était synonyme de diversité. Nous avions une multitude de sites à aller surveiller quotidiennement. C’était un enrichissement permanent. Pas tant par la foison de sites qui se proposaient à nous, mais surtout parce que nous étions investis dans la recherche du contenu. Google a d’ailleurs tiré son épingle du jeu à ce moment précis. Faire des recherches et découvrir des pépites étant le but du jeu. Le web était alors décentralisé. Chaque sujet avait son forum de discussions. Beaucoup de monde tenait également son site, ou son blog, pour partager son expérience avec les autres. C’était à la fois riche, mais difficile à suivre. C’est en offrant une réponse à cette difficulté que Facebook a pris de l’ampleur. Sur ce seul site nous pouvions nous exprimer, partager des photos, des moments de vie, des conseils, des vidéos… Le tout sans avoir à jongler savamment entre différents sites. C’est le symbole de la centralisation du web. Le Fediverse allie les forces de la centralisations ainsi que celles de la décentralisation. Une seule plateforme, des milliers de serveurs tous connectés les uns aux autres. Si la plateforme est la même, chaque administrateur applique la politique qu’il souhaite sur son serveur. Si cette proximité retrouvée avec l’administrateur peut au départ intimider, le fait est que ce modèle permet d’éviter que toutes les dérives observées chez les GAFAMs se reproduisent. La plupart des serveurs sont soit directement financés par leurs administrateurs, soit autofinancés par leurs communautés. Ainsi, la publicité et les algorithmes qui vont avec, n’ont pas leur place sur le réseau. Et pour être administrateur de trois serveurs je peux vous assurer que lorsqu’on propose des services de communication à des personnes, on se sent responsables de la sécurité de leurs données. Car oui. Pour en revenir à mon sinueux parcours, j’en suis là. Lorsque j’ai découvert Mastodon, j’ai d’abord expérimenté l’outil sur de gros serveurs, pour très vite ressentir la nécessité de prendre mon autonomie et d’avoir les miens. Autrefois administrateur de deux gros forums, j’étais à l’aise avec les notions d’administration et de modération. Et je trouve qu’il est toujours plus agréable et sécurisant d’être “chez soi”. Autant d’invités puis-je avoir. Si j’administre [tooter.social](https://tooter.social/), [peertube.stream](https://peertube.stream/) et [pixelfed.fr](https://pixelfed.fr/) ce n’est pas seulement pour le loisir. C’est aussi par convictions. Car j’ai retrouvé avec le Fediverse l’essence même du web : du lien, du partage, de l’ouverture, de l’enrichissement, de l’humanité. Tout l’inverse de l’expérience que nous proposent désormais les GAFAMs. C’est pour toutes ces raisons que le Fediverse est devenu mon principal outil de partage sur le web. C’est également pour toutes ces raisons que mes instances sont ouvertes à tous : pour permettre à d’autres de profiter de cette fenêtre sur le monde. Si l’ère de sa marchandisation est loin d’être terminée, le Fediverse et ses 9 millions d’utilisateurs redonnent toute sa grâce à la raison d’exister du web : Le partage. L’ère du web du partage est terminée. Vive l’ère du web partage !
Raph
Voici maintenant un certain nombre d’années que j’ai publié deux articles en rapport avec le partage sur le web. Le premier vous expliquant que[ je quittais Facebook](https://raph.tv/notes/quitter-facebook), autrefois plateforme suprême du partage de liens entre personnes. Le deuxième questionnant [le modèle de la plateforme uTip](https://raph.tv/notes/utip), et rappelant surtout les effets néfastes qu’ont eu les algorithmes discriminants pour le partage. J’avais baissé les bras lorsque j’ai trouvé LA plateforme, qui est plutôt un protocole, ultime et sur laquelle aucune société privée ne pourra mettre en place d’algorithmes privateurs de visibilité au bénéfice de la publicité : Mastodon. Mais également PeerTube et Pixelfed. Les trois plateformes étant interconnectées car utilisant un protocole commun portant le doux nom de Fediverse. ## 2010, la fin de l’ère du web du partage Lorsque le web s’est démocratisé dans les années 2000, c’était avant tout car il favorisait l’échange entre humains. Que ce soit par le biais de forums de discussion, de tchats, de sites persos, de blogs… Tout était prétexte à échanger, à communiquer, et le partage allait de bon train. Et puis les premières plateformes centralisées sont arrivées. Toutes proposant des services qui, au départ, allaient dans le sens du partage. YouTube et Dailymotion qui permettaient de diffuser des vidéos plus facilement, Facebook et Twitter qui permettaient de partager des liens ou du textes, Instagram qui permettait de partager des photos. *L'interface de YouTube en 2008* Ainsi, il était possible de publier une vidéo sur YouTube et de partager son lien sur Facebook. Et si le contenu était qualitatif, alors on pouvait espérer un effet boule de neige et voir son travail récompensé par une audience digne de ce nom. C’était l’âge d’or du partage sur le web. Et la promesse de tous les possibles. Et puis aux alentours de 2010, toutes ces entreprises sont passées en bourse, devant adopter par la même occasion des modèles économiques féroces afin de répondre aux exigences de leurs investisseurs. La stratégie fut la même partout : Mettre en place des algorithmes privateurs de visibilité en faveur de la publicité. Ainsi le contenu original et qualitatif a été remplacé par du contenu “choc”. Captant notre attention et encadrant des espaces publicitaires. Ces plateformes qui étaient au départ d’incroyables outils de partage s’étaient ainsi transformées en panneaux publicitaires. Exit les créateurs de contenu. Exit la mise en lien, essence d’internet, entre humains. Nous venions d’entamer **l’ère de la marchandisation du web**. ## L’ère de la marchandisation du web : La traversée du désert Tout site ayant pour modèle économique la publicité a une priorité absolue : capter notre attention. Plus nous leur consacrons du temps, plus nous sommes exposés à de la publicité, plus ils font des bénéfices. Que nous soyons sur Facebook, Instagram, Twitter, ou YouTube, le contenu auquel nous y sommes exposés nous y est imposé. Si le système d’abonnements nous donne l’illusion du choix et du contrôle, il n’en est rien. Les algorithmes nous sont vendus comme nous facilitant la vie, là où en réalité ils compliquent l’accès au contenu qui nous intéresse le plus. *“Reaching people on the internet”* *Crédit : [The Oatmeal](https://theoatmeal.com/comics/reaching_people)* De ce fait, l’ère de la marchandisation du web est celle dans laquelle l’utilisateur aire, devenu totalement passif. Il suffit d’essayer TikTok une heure pour en faire l’expérience. Nous qui pensions nous émanciper de la télévision où le programme nous était imposé… nous sommes laissés piégés par les GAFAMs qui reproduisent exactement le même schéma infantilisant. Côté créateurs de contenu ce fut la débandade. Alors que Facebook permettait de générer un effet de viralité des publications et ainsi d’assurer une visibilité conséquente à tout travail bien léché, qu’Instagram permettait de toucher des centaines de milliers d’utilisateurs, ou que YouTube ouvrait la possibilité de toucher un revenu tout en garder sa créativité intacte… Tout est devenu extrêmement vaporeux et précarisant lorsque les algorithmes se sont durcis. Là où le modèle de base récompensait la qualité, le nouveau modèle récompensait… nous ne savons pas. Et nous ne saurons jamais. Dans tous les cas la traversée du désert était bel et bien entamée pour les personnes qui, comme moi, utilisaient le web pour partager leurs œuvres avec le reste du monde. C’est ce moment que j’ai choisi pour quitter Facebook. Quelques temps plus tard j’arrêtais de faire des vidéos. Et depuis, je ne poste des photos qu’au compte goute lorsque le cœur m’en dit. Mais… ## Des médias sociaux éthiques existent Alors que tout semblait définitivement acquis à la loi du plus riche, de nouveaux médias sociaux ont pointé le bout de leur nez. Ou de leur trompe. J’ai découvert Mastodon fin 2018. Et ce fut un coup de cœur immédiat. Pas d’algorithme autre qu’antéchronologique, pas de société propriétaire multimilliardaire dont l’unique objectif est d’être rentable, un état d’esprit globalement bienveillant, des échanges toujours très intéressants. Et un peu à l’instar des forums de discussion chacun peut créer son propre serveur avec ses propres règles. *Source : [joinmastodon.org](https://joinmastodon.org/fr/servers)* Et si la surprise était déjà excellente, je découvrais dans le même temps la mécanique et les autres plateformes du Fediverse, protocole utilisé par Mastodon pour que chaque serveur puisse communiquer. Vous savez ? C’est exactement comme le sms ou le mail. On peut envoyer un sms depuis un iPhone à un ami qui possède un Android et les deux téléphones sont capables d’interpréter votre échange. La mise en page diffère cependant selon le modèle de smartphone. Pour le Fediverse c’est le même principe. Un message peut prendre la forme d’un texte, à l’instar de Twitter. Ou d’une vidéo, à l’instar de YouTube. Ou d’une image, à l’instar d’Instagram. Et devinez quoi ? Il existe différentes plateformes plutôt orientées texte, vidéo ou photo et capables de toutes communiquer entre-elles. Il s’agit de Mastodon que j’ai déjà évoqué, PeerTube, et Pixelfed. Puisque les 3 plateformes utilisent le même protocole -le Fediverse- il est possible de suivre un compte Pixelfed depuis Mastodon, un compte PeerTube depuis Mastodon, un compte Mastodon depuis Pixelfed… Et de commenter les publications directement depuis sa plateforme favorite. Imaginez pouvoir commenter une vidéo YouTube avec un compte Twitter, ou un tweet depuis votre compte Instagram… C’est ce que permet le Fediverse. *Exemple d’une publication sur PeerTube. Si l’affichage diffère selon si on est sur PeerTube ou Mastodon, il ne s’agit pourtant que d’une seule et même publication.* ## Des milliers de propriétaires : L’ère de la (re)décentralisation Au départ, aller sur le web était synonyme de diversité. Nous avions une multitude de sites à aller surveiller quotidiennement. C’était un enrichissement permanent. Pas tant par la foison de sites qui se proposaient à nous, mais surtout parce que nous étions investis dans la recherche du contenu. Google a d’ailleurs tiré son épingle du jeu à ce moment précis. Faire des recherches et découvrir des pépites étant le but du jeu. Le web était alors décentralisé. Chaque sujet avait son forum de discussions. Beaucoup de monde tenait également son site, ou son blog, pour partager son expérience avec les autres. C’était à la fois riche, mais difficile à suivre. C’est en offrant une réponse à cette difficulté que Facebook a pris de l’ampleur. Sur ce seul site nous pouvions nous exprimer, partager des photos, des moments de vie, des conseils, des vidéos… Le tout sans avoir à jongler savamment entre différents sites. C’est le symbole de la centralisation du web. Le Fediverse allie les forces de la centralisations ainsi que celles de la décentralisation. Une seule plateforme, des milliers de serveurs tous connectés les uns aux autres. Si la plateforme est la même, chaque administrateur applique la politique qu’il souhaite sur son serveur. Si cette proximité retrouvée avec l’administrateur peut au départ intimider, le fait est que ce modèle permet d’éviter que toutes les dérives observées chez les GAFAMs se reproduisent. La plupart des serveurs sont soit directement financés par leurs administrateurs, soit autofinancés par leurs communautés. Ainsi, la publicité et les algorithmes qui vont avec, n’ont pas leur place sur le réseau. Et pour être administrateur de trois serveurs je peux vous assurer que lorsqu’on propose des services de communication à des personnes, on se sent responsables de la sécurité de leurs données. Car oui. Pour en revenir à mon sinueux parcours, j’en suis là. Lorsque j’ai découvert Mastodon, j’ai d’abord expérimenté l’outil sur de gros serveurs, pour très vite ressentir la nécessité de prendre mon autonomie et d’avoir les miens. Autrefois administrateur de deux gros forums, j’étais à l’aise avec les notions d’administration et de modération. Et je trouve qu’il est toujours plus agréable et sécurisant d’être “chez soi”. Autant d’invités puis-je avoir. Si j’administre [tooter.social](https://tooter.social/), [peertube.stream](https://peertube.stream/) et [pixelfed.fr](https://pixelfed.fr/) ce n’est pas seulement pour le loisir. C’est aussi par convictions. Car j’ai retrouvé avec le Fediverse l’essence même du web : du lien, du partage, de l’ouverture, de l’enrichissement, de l’humanité. Tout l’inverse de l’expérience que nous proposent désormais les GAFAMs. C’est pour toutes ces raisons que le Fediverse est devenu mon principal outil de partage sur le web. C’est également pour toutes ces raisons que mes instances sont ouvertes à tous : pour permettre à d’autres de profiter de cette fenêtre sur le monde. Si l’ère de sa marchandisation est loin d’être terminée, le Fediverse et ses 9 millions d’utilisateurs redonnent toute sa grâce à la raison d’exister du web : Le partage. L’ère du web du partage est terminée. Vive l’ère du web partage !